Un autre regard sur la dépression

« Nous pouvons voir la dépression non comme une maladie mentale mais, à un niveau plus profond, comme un état non reconnu de repos profond, dans lequel on entre lorsque l’on est complètement épuisé par le poids de sa propre fausse histoire sur soi-même… » Jeff Foster

Jeff Foster parle du sens de la dépression et de sa signification profonde.

Souvent les gens lui demandent si c’est possible, lorsqu’on est déprimé, de connaître l’état d’éveil, de découvrir qui l’on est réellement. A t-on besoin de sortir d’abord de la dépression ?

Voici une traduction-retranscription partielle (et personnelle) des propos de Jeff Foster, à écouter dans la vidéo ci-dessous.

  • « Moi et ma vie », une histoire lourde à porter

Parlant de sa propre expérience, Jeff Foster explique que la dépression peut se manifester comme un état où la vie devient lourde, telle un fardeau à porter, et que c’est épuisant.

Jeff Foster

Nous avons tous un fardeau : nous essayons de donner une image de nous-mêmes, en élaborant l’histoire de notre vie. Cette histoire peut être très lourde. La porter devient impossible, devient une lutte, comme si le poids de notre histoire nous écrasait.

Cette expérience d’être comme « enfoncé(e) » par sa propre histoire, d’être déprimé(e), est en fait une invitation magnifique pour s’éveiller. On passe souvent à côté de la vérité de la dépression en tentant de la stopper rapidement ; cette vérité profonde est que l’on ne se résume pas à son histoire « moi et ma vie », à sa façade vis à vis du monde, à ce que l’on prétend être.

Prétendre être cette image, prétendre être « mon histoire de moi » peut être épuisant et écrasant pour tout le monde. Cette histoire n’est pas ce que l’on est vraiment.

Si l’on peut écouter la dépression et ce que dit la vie à travers la dépression, c’est « réveille toi », « ton histoire n’est pas qui tu es ».

On pourrait donc voir la dépression non comme une maladie mentale, mais comme une invitation de la vie à s’éveiller et découvrir qui l’on est véritablement, au delà du « moi » limité que l’on a construit.

  • Tel un vaste océan

Ce que nous sommes maintenant, à l’instant présent, est un vaste espace ouvert, que l’on peut appeler éveil ou conscience, et que l’on peut voir comme un vaste océan dans lequel les pensées, telles des vagues, arrivent puis se dissolvent. Les émotions, les idées, les sentiments arrivent puis se dissolvent. Nous sommes comme l’océan. L’océan est toujours présent, il n’arrive pas et ne se dissout pas ; ce que nous sommes est tel l’océan : vaste et sans limite.

La dépression peut nous permettre de découvrir notre nature sans limite. La vie nous dit : « regarde, tu n’es pas celui que tu penses être » et « cette vie ne t’est plus adaptée – si elle ne l’a jamais été », « tu n’es pas si limité(e) ».

La dépression correspond à une forme de perte d’intérêt d’« être cette histoire » que l’on (se) raconte. Nous sommes censés être intéressés par cette histoire, par comment elle évolue et par comment on l’orchestre.

La dépression permet de « se reposer » en qui on est véritablement et d’arrêter de prétendre être ce que l’on n’est pas. Il s’agit de se réveiller à qui l’on est vraiment, et de se reposer là dessus.

Certaines personnes sont si épuisées par la vie, par la lutte à chercher qui elles sont, par donner une fausse image (l’image de celui qui réussit, l’image de la mère ou du père, l’image de celui qui sait). Prétendre être qui que ce soit, quoi que ce soit, prétendre même être un être éveillé, est épuisant.

  • Arrêter prétendre être ce que l’on n’est pas

Cet épuisement est magnifique: c’est une invitation à arrêter de prétendre être ce que l’on n’est pas.

Le vrai noyau de la dépression est peut-être d’être dans la vérité de qui l’on est.

« Depressed » (déprimé) sonne comme « deep rest » (profond repos).

A la place de combattre la dépression, d’essayer de la soigner, d’essayer de rendre la personne déprimée heureuse, il s’agit de réaliser que l’on est un espace vaste, infini, que l’on dépasse les dualités (riche-pauvre, savant-ignorant, joyeux-triste). Nous sommes tel un espace ouvert dans lequel les succès et les échecs, la joie et la tristesse, la certitude et le doute, toutes les émotions et les énergies de la vie, sont autorisées à exister.

En nous construisant une fausse identité, nous repoussons ces énergies de vie, nous sommes dans la dualité, tout en rejetant la partie sombre.

C’est épuisant, car la vie est tout : parties sombres et parties lumineuses. Elle est telle l’océan avec toutes ses vagues, et pas seulement la moitié d’entre elles.

ocean

Allons regarder en profondeur ce que dit la dépression pour se soigner profondément, pour retrouver qui l’on est, et laisser place à toutes les pensées, toutes les sensations, tous les sentiments, comme toutes les vagues sont les bienvenues dans l’océan.

  • Un appel au repos

Nous sommes déjà « chez-nous », notre état de repos est déjà là. Il n’y a rien à faire. C’est une illusion de croire que l’on a quelque chose à faire pour « revenir à la maison », à cet état de repos. Cette compréhension a complètement changé la vie de Jeff Foster.

Cet état d’être profond est toujours présent et ne peut être détruit, c’est notre « chez-nous ».

Il a réalisé que la dépression qu’il avait traversée plusieurs années auparavant était un panneau indicateur géant, une invitation, un appel au repos. Il ne s’était jamais arrêté de sa vie, ne s’était jamais « reposé » et ne savait pas faire. Il a réalisé que c’était le cas pour de nombreuses personnes, qui sont épuisées et tentent de lutter contre cet épuisement.

Jeff Foster propose de s’arrêter et d’écouter cette dépression qui nous murmure doucement à l’oreille : « repose toi, mon enfant, tu es épuisé(e), repose toi ». Cet état de repos est la vérité profonde de la vie. Nous sommes tous invités à y revenir, par des chemins différents. La dépression, telle un « deep rest », est un de ces chemins.

 

Le site de Jeff Foster : lifewithoutacenter.com

 

 


Présentation de l’éditeur : Jeff Foster est un enseignant spirituel qui nous invite à nous ouvrir totalement à la vie, à lui dire enfin « Oui !  » et à embrasser le quotidien dans toutes ses dimensions. Une des contributions les plus importantes de Jeff Foster à la spiritualité contemporaine est sa demande sans concession que nous honorions notre humanité et que nous prenions le risque de voir combien la « vie ordinaire » est réellement sacrée. En nous ouvrant ainsi à la vie et à l’amour, nous nous réveillons de notre rêve de séparation et pouvons être un avec chaque aspect de notre existence, même les plus inconfortables. Avec patience et générosité, Jeff Foster nous guide vers notre véritable identité et nous montre que nous sommes déjà parfaits : il n’y a nul besoin de s’efforcer vers un idéal lointain mais simplement d’aimer l’instant présent tel qu’il est.

Présentation de l’éditeur : Pour ne plus souffrir, il faut vivre en totale intimité avec la vie elle-même et accepter tout ce qui apparaît au sein de nos expériences. La liberté authentique ne se trouve pas en fuyant le présent mais en plongeant sans peur et sans réserve dans ses profondeurs cachées. Jeff Foster nous montre ici de manière simple et touchante, dans trois domaines concrets : la souffrance, la relation aux autres, les addictions, comment ne pas s’identifier à nos problèmes, à notre histoire personnelle, à notre ego. Il nous donne des conseils précis pour réconcilier les opposés, nous ramener dans le courant de la vie et dénouer les crises. Jeff Foster démontre que l’éveil spirituel consiste à dire oui profondément, totalement, à la vie.

Présentation de l’éditeur : L’éveil n’est pas un état spécial réservé seulement à de rares maîtres « illuminés ». Jeff Foster nous demande d’oublier tout ce que nous savons, tout ce qu’on nous a appris, tout ce que nous avons lu au sujet de l’éveil spirituel, de la non-dualité, de l’advaita vedânta, de l’Un et de l’illumination, et que nous considérions une nouvelle possibilité : celle d’une libération, ici même au sein d’une vie complètement ordinaire. En utilisant un langage simple à partir de son expérience personnelle et de la sagesse ancienne, Jeff Foster nous montre que la recherche peut s’achever ici et maintenant. La libération n’est jamais loin, elle est toujours présente au milieu de la vie la plus ordinaire. Les mots de ce livre pointent vers quelque chose de très simple, de très évident mais oublié. En découvrant l’absence extraordinaire d’un individu séparé au coeur de nous-même, nous nous éveillons à une présence parfaite du monde et de la vie qui s’écoule alors, d’instant en instant, dans une gratitude et un amour infinis.

2 thoughts on “Un autre regard sur la dépression

  1. Coucou Anne-Lise,
    Merci pour cet article que j’ai beaucoup aimé.
    Il nous rappelle combien la vie sait nous amener là où on a besoin. Comme il est dit, la dépression peut être vue comme rédemptrice : on prend du temps pour soi, pour se retrouver, pour lâcher la pression (dé-pressuriser), pour retrouver notre identité dans le non-mouvement.
    Cela m’est arrivé il y a quelques années. Je suis plein de gratitude pour cette période de retrouvailles qui m’a permis de m’éveiller, de me retrouver, de me reconnecter. Elle a été une étape primordiale dans mon évolution, et ton article me fait m’en rendre compte.
    Arthur

    • anne-lise

      Merci pour ce partage Arthur. J’aime beaucoup cette approche de Jeff Foster et suis heureuse qu’elle te touche également.
      AL

Comments are closed.